je voudrai tant...

Je voudrai tant qu'il m'en souvienne ces doux frissons en devenir,
Je voudrai tant qu'ils s'en revienne le peintre fou des ors !

Mais il y a ce ciel si gris,
Que l'eau n'ose traverser...
Puis il y a ces silences si lourds
Ce silence des maux.
Ce silence bruit de bottes,
Ce silence à voir midi à sa porte...
Il y a toutes ces têtes détournées,
Les petits chats meurent...
Les mots s'en meurent, les mots s'enfuient
Ils s'enfuient sur les ailes de la liberté.

Ces jours-ci dans les bois il ne fait plus "cathédrale", les vitraux grisent ces jours si noirs que d'aucun ne voient pas venir. La mousse est stérile, le soleil et l'eau sont partis avec les mots.

Puis il y a ces ombres, le masque de lumière est tombé, il y a ces ombres dont le crêpe a masqué le visage.

Je voudrai bien qu'il s'en revienne, le temps de l'innocence
Je voudrai bien qu'on s'en souvienne de ce qui faisait notre douce France !

Il y a ces gens, ces gens anonymes ou publics,
Ces justes qui naissent dans une grande douleur.
Il a ces têtes qui se lèvent, ces dos qui se redressent, ces yeux qui voient, ces oreilles qui entendent, ces bouches qui disent !

Je voudrai bien qu'on s'en souvienne de ce qu'il a fallu de sacrifices, de ce qu'il a fallu de foi, de don de soi, de souffrances, de deuils, de honte, de révoltes, de combats, d'espoirs... D'estime ! Oui ! C'est ça : D'estime de soi !
Aime-toi mon frère, mon ami, mon parent, mon voisin !